ARCTIQUE (géopolitique)
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L'Arctique, domaine des hautes latitudes boréales, est l'espace compris entre le pôle Nord et une limite méridionale que l'on peut fixer, dans une perspective géopolitique, au cercle polaire arctique, à savoir 660 33' de latitude nord, bien que cette ligne astronomique soit trop rigide du point de vue des milieux naturels. Il s'agit donc des latitudes les plus élevées et les plus froides de l'hémisphère Nord dont les moyennes thermiques annuelles sont comprises entre –2 0C au sud et –30 0C au pôle même.
Ces régions ont acquis un grand intérêt géopolitique depuis le milieu du xxe siècle, pour des raisons stratégiques d'abord, lors de la guerre froide, puis aujourd'hui parce qu'on y a découvert d'importantes ressources énergétiques.
Entre 900 et 650 N., la surface de la sphère terrestre est de l'ordre de 24 millions de kilomètres carrés (Mkm2), soit à peine 5 % de la surface du globe, dont un peu plus de 14 Mkm2 pour les espaces océaniques et 10 Mkm2 pour les terres émergées, parce que l'Arctique, à la différence de l'Antarctique, est occupé par un océan centré sur le pôle, et que les terres, en dehors de quelques archipels septentrionaux, se répartissent à la périphérie de celui-ci, donc à des latitudes plus basses. Avec ses 14,5 Mkm2, l'océan Arctique constitue une véritable méditerranée, ceinturée par l'extrémité septentrionale du continent américain, lui-même prolongé à l'est par le Groenland et la bordure de l'Eurasie qui s'étend du nord de la Scandinavie au détroit de Béring. Cette méditerranée communique mal avec l'océan Pacifique, alors qu'elle est plus ouverte sur l'océan Atlantique, grâce à plusieurs détroits profonds et surtout grâce aux mers de Norvège et du Groenland.
Ces milieux extrêmes, où les terres émergées et l'océan sont couverts en permanence ou durant une grande partie de l'année par les glaces et la neige, appartiennent aux marges de l'œkoumène et ne comptent que des populations rares et clairsemées. Ils sont longtemps restés politiquement et économiquement marginaux, mais les progrès techniques, le réchauffement climatique et l'épuisement de ressources naturelles plus accessibles sous d'autres latitudes confèrent un intérêt accru à l'Arctique et bouleversent la donne géopolitique de ce domaine, à commencer par les rapports entre les autochtones et les « colonisateurs ».
Les pays de l'Arctique et l'éveil des peuples autochtones
La méditerranée Arctique ne compte que cinq pays riverains, en excluant l'Islande. Ainsi l'immense façade de l'Eurasie, de la presqu'île de Kola en Europe au détroit de Béring, sur plus de 5 000 kilomètres, relève d'un seul pays, la Russie. En Amérique du Nord, le Canada exerce sa souveraineté sur l'ensemble de l'archipel arctique qui termine le continent, et l'Alaska appartient aux États-Unis qui ont acheté cette colonie russe en 1867. En Europe du Nord-Ouest, Norvège et Danemark bordent l'Arctique. La première occupe l'extrémité septentrionale de la péninsule scandinave avec la province du Finnmark, entièrement située au nord du cercle polaire, et l'archipel du Svalbard. Quant au second, de retour au Groenland au xviiie siècle, après une première occupation viking à laquelle il avait participé, il a placé l'île sous sa souveraineté en 1921, en a fait une province danoise en 1953, avant de lui conférer une assez large autonomie en 1979.
Les cinq pays se partagent inégalement les territoires qui bordent l'océan Arctique. Le Groenland (Danemark) est entièrement situé dans le monde polaire, les autres n'y sont que partiellement et à des degrés divers. Le Canada et la Russie y sont les plus engagés ; les États-Unis sont les plus extérieurs, puisqu'ils n'y sont présents que par la façade septentrionale de l'Alaska qui est, certes, un État de l'Union depuis 1959, mais sans continuité avec le territoire national.
Quant aux archipels, situés à des latitudes encore plus élevées, ils appartiennent aujourd'hui aux pays riverains, ce qui n'a pas toujours été le cas pour deux d'entre eux. La Terre François-Joseph a d'abord été intégrée à l'empire d'Autriche-Hongrie, patrie de ses découvreurs, avant de passer à l'URSS (aujourd'hui à la Russie). Le Spitsberg, longtemps non revendiqué faute d'intérêt suffisant, est revenu avec quelques îles voisines à la Norvège par le traité de Paris en 1920 ; l'ensemble a pris le nom de Svalbard.
Sur les territoires de ces États souverains vivent des peuples autochtones, traditionnellement chasseurs, pêcheurs et éleveurs de rennes. Ces petits groupes d'habitants, dispersés et parfois nomades ou semi-nomades, ont, depuis le milieu du xxe siècle, pris conscience de leur identité et nourrissent des revendications territoriales, politiques et économiques. Ils rassemblent moins de 500 000 individus, répartis entre plusieurs dizaines de peuples, parmi lesquels les Inuits, appelés autrefois Esquimaux ou Eskimos, en Amérique du Nord et au Groenland, sont les plus nombreux (150 000). Mais il y a aussi les Sâmes (dénommés autrefois Lapons) en Scandinavie et jusqu'en Russie (60 000) et les divers « petits peuples » en Russie du Nord, qualifiés ainsi en raison de la faiblesse de leurs effectifs, environ 200 000 personnes au total pour une trentaine de groupes ethniques.
Ces peuples autochtones se sont groupés dans trois associations boréales qui exigent des compensations à la tutelle des pays riverains et entendent peser sur les politiques de développement économique de l'Arctique. L'Inuit Circumpolar Conference, constituée en 1977, a obtenu la reconnaissance de plusieurs territoires autonomes. Les Inuits du Groenland ont été les premiers à se voir concéder par le Danemark, en 1979, un statut d'autonomie politique au sein du royaume, encore renforcé en 2008. Les vingt mille Inuits du Canada, en dehors de la province de Québec, ont reçu la pleine propriété d'un vaste territoire septentrional, assorti de droits miniers dans certaines régions. Ainsi est né, le 1er avril 1999, le Nunavut, esquisse de territoire inuit au sein de l'État fédéral canadien. Au Québec, le régionalisme inuit a été reconnu à l’échelle provinciale sur toute la partie nord, désormais appelée Nunavik. En Alaska, la reconnaissance des autochtones est moins avancée, bien que, à la suite de la mise en valeur des gisements de pétrole de Prudhoe Bay, l'Alaska Native Claims Settlement Act (1971) ait rendu aux Indiens et aux Inuits 10 % du territoire et leur ait accordé des indemnisations financières en échange de l'abandon de leurs droits sur le reste des terres ancestrales. En Europe du Nord, les Sâmes ont créé des parlements en Norvège, Suède et Finlande pour défendre leur culture et leur identité. Enfin, chez les petits peuples du nord de la Russie, soumis à la russification et à la collectivisation sous le régime soviétique, l'éveil identitaire est moins marqué. Une association nationale des peuples du Nord (Russian Association of Indigenous Peoples of the North, Siberia and Far East) a vu le jour au début des années 1990, qui rassemble 185 000 autochtones dans l'Arctique, répartis en plus de vingt-cinq petits peuples ; pour le moment leurs revendications ne trouvent guère d'écho auprès du pouvoir central russe.
Des perspectives énergétiques prometteuses
Lorsqu'ils ont pris possession, de façon plus formelle qu'effective, des territoires arctiques, les grands pays riverains n'avaient pas conscience des richesses qu'ils pourraient y trouver. Il suffit de rappeler le mépris affiché par Voltaire pour les terres du Canada français, qu'il qualifiait de « quelques arpents de neige ». En dehors de la chasse de mammifères marins et d'un peu de pêche, activités pratiquées depuis longtemps sous ces latitudes, ce n’est qu’après de longues années de campagnes d'explorations géologiques que furent localisés des gisements de minerais très variés, précieux ou non.
L'inventaire de ces ressources minières est sans doute encore incomplet aujourd'hui, mais la majeure partie a pourtant été découverte, du moins à terre. Cependant, les coûts d'exploitation se sont souvent révélés prohibitifs, en raison de la présence du pergélisol, de l'absence d'eau à l'état liquide, de l'éloignement des centres industriels et d'une évacuation des productions nécessairement saisonnière, de sorte que les industries extractives ont un caractère ponctuel et temporaire, à quelques exceptions près. Selon les cours mondiaux des matières premières, on ouvre ou on ferme des mines.
Ce sont les économies les moins sensibles au critère de la rentabilité, celle de l'URSS en particulier, qui se sont le plus engagées dans la mise en valeur de ces régions. Ainsi les Soviétiques ont édifié, à partir de 1935, un énorme complexe métallurgique pour exploiter le gisement polymétallique (cuivre, platine, nickel...) de Norilsk et fait surgir une agglomération de plus de 250 000 habitants à 300 kilomètres au nord du cercle polaire, à proximité de l'embouchure de l'Enisej (Ienisseï).
Mais ce sont plutôt les ressources énergétiques qui retiennent aujourd'hui l'attention et sont même susceptibles de faire naître des tensions entre les pays riverains.
Des gisements de houille, les premiers recherchés, ont été repérés dès le xixe siècle en maints endroits, mais les coûts d'extraction et les difficultés de l'évacuation du charbon par voie maritime ou continentale ont été souvent dissuasifs. Aussi n'y a-t-il eu exploitation de grande envergure qu'en Russie/URSS et surtout dans sa partie européenne, dans le bassin de la Pečora (Petchora) jusqu'au rivage de la mer de Barents. En comparaison, la production russe de houille au Spitsberg est anecdotique, car son intérêt est ici plus politique qu'économique, puisque pour une production négligeable elle autorise, au titre du traité de 1920, la présence russe dans cet archipel norvégien.
Les potentialités de l'Arctique en énergie hydroélectrique sont grandes, mais là encore le coût des installations en milieu polaire et les distances à parcourir pour atteindre les centres consommateurs, sauf présence de quelques industries locales, ont fait obstacle aux équipements. Citons cependant, à la bordure de l'Arctique, les énormes installations de la baie James au Québec, celles de la Norvège, de la péninsule de Kola ou du bas Enisej.
Les perspectives énergétiques les plus prometteuses de l'Arctique reposent désormais sur les hydrocarbures, notamment sur le gaz, puisqu'on estime que la région recèlerait de 20 à 25 % des ressources mondiales non encore découvertes. Les recherches portent sur la périphérie de l'océan Arctique, en mer et sur terre, si bien que de nombreux champs ont été identifiés sans être encore précisément délimités, mais l'exploitation n'est engagée qu'en quelques endroits. En Alaska septentrional, dans la région de Prudhoe Bay, du pétrole est extrait depuis les années 1970, lorsque fut mis en service l'oléoduc transalaskien qui aboutit à Port Valdez, sur la côte du Pacifique. En Russie d'Europe, deux secteurs sont productifs, celui de la Pečora, celui de la basse vallée de l'Ob et de la péninsule de Jamal, riche en pétrole et en gaz. Grâce à des gazoducs et oléoducs, ces champs ravitaillent l'ouest du pays et l'Europe occidentale. Depuis 2001, les Russes ont mis en exploitation un gisement en Iakoutie, dont le pétrole est évacué par le port de Tiksi et la route maritime du Nord. Enfin, à la limite des mers de Norvège et de Barents, une zone de production a été ouverte en 2007 par les Norvégiens sur le champ de gaz de Snøhvit. Pour cela, la première usine de liquéfaction du gaz dans l'Arctique a été construite près d'Hammerfest, dans la province du Finnmark. Ailleurs, on en est au stade de la prospection en attendant que la hausse des cours mondiaux permettent la mise en valeur, voire à l'étape de la pré-production. Le champ de Štokman en mer de Barents, entre la péninsule de Kola et la Nouvelle-Zemble, suscite beaucoup d'espoir. Avec des réserves de 3 800 milliards de mètres cubes de gaz, il serait le deuxième plus grand gisement du monde, après celui du Qatar. Ces réserves confortent la position de la Russie comme premier producteur mondial de gaz et second de pétrole, mais les coûts d'exploitation resteront élevés.
L'importance de ces gisements et leur localisation à 80 % en mer suscitent beaucoup d'intérêt chez les États riverains qui cherchent à s'approprier tout ou partie de ces richesses. Toutefois, leur partage dépend du tracé de frontières maritimes encore incertaines. Ainsi le statut juridique de l'océan Arctique, non résolu jusqu'à présent car jugé secondaire, trouve une acuité nouvelle.
Le statut de l'océan Arctique
Alors que les hautes latitudes australes, largement continentales, sont régies depuis 1959 par le traité de l'Antarctique, il n'y a rien de tel dans l'Arctique. L'océan boréal est soumis aux dispositions du droit de la mer contenues dans la convention de Montego Bay, adoptée en 1982. Celle-ci est entrée en vigueur en 1994, bien que les États-Unis ne l'aient pas ratifiée, et s'applique désormais à l'ensemble de l'océan mondial. Auparavant, la souveraineté des États sur les espaces océaniques ne portait que sur les eaux territoriales, larges de 3 milles en général, dans lesquelles ils étaient tenus de garantir un droit de passage « inoffensif » aux navires étrangers. Au-delà, dans une zone dite « contiguë » de 12 milles au maximum, l'État exerçait quelques prérogatives de douane et de police. Au large de ces bandes côtières, l'océan était international, c'est-à-dire librement accessible. En Arctique, en raison de la banquise, cette accessibilité n'était que théorique et, pourtant, des riverains ont cherché à la remettre en cause dès le début du xxe siècle, alors même que l'exploration de ces régions n'était pas achevée. Pour cette raison précisément, le Canada avait pris les devants en élaborant la théorie des secteurs (1907), et fut bientôt rejoint par l'URSS. Il s'agissait d'accorder aux pays riverains la souveraineté automatique sur toute terre émergée, comprise dans un secteur en forme de triangle dont la base était la façade arctique du pays concerné, le sommet étant le pôle, les deux côtés les méridiens passant par les deux extrémités de la base. En raison de la longueur de leur façade, le Canada et la Russie se trouvaient très avantagés par un tel partage, bien qu'il ne portât pas sur les eaux, mais seulement sur les terres émergées, au détriment des États-Unis, du Danemark (Groenland) de la Norvège et de la Finlande, car cette dernière possédait à l'époque une fenêtre sur la mer de Barents que les Soviétiques lui fermèrent pendant la Seconde Guerre mondiale. Ces derniers pays refusaient le principe des secteurs. Pourtant, l'application tacite de ce principe conduisit le Canada à revendiquer la possession de l'ensemble de l'archipel et d'une partie de l'océan au début du xxe siècle, puis l'URSS à annexer la Terre François-Joseph en 1926, à l’occasion du démantèlement de l'Empire austro-hongrois.
Avant les années 1970, le tracé des frontières maritimes entre deux États voisins ne prêtait guère à conséquence, puisqu'il était établi uniquement dans le domaine très étroit des eaux territoriales. Il résultait d'accords bilatéraux qui s'appuyaient en général sur les méridiens. Par exemple, entre l'Alaska russe et le Canada britannique, un traité de 1825 avait fixé la frontière terrestre sur le 141e degré ouest, que l'on prolongeait en mer dans les eaux territoriales.
La convention de 1982 sur le droit de la mer a rendu beaucoup plus compliqué l'établissement des frontières maritimes, parce qu'elle a accru le domaine de souveraineté des États vers le large, d'abord en permettant l'élargissement des eaux territoriales à 12 milles, puis en les autorisant à créer une zone économique exclusive (ZEE), large de 200 milles nautiques (370 km) à partir de leur ligne de base (limite interne des eaux territoriales qui sert à calculer la largeur des zones de souveraineté d'un État en mer), dans laquelle ils acquièrent l'exclusivité de l'exploitation des ressources. Lorsque deux pays sont face à face autour d'un espace maritime de moins de 400 milles de large, la limite de leurs ZEE est une ligne dite « médiane », c'est-à-dire équidistante de leurs lignes de base respectives. En plus de ces ZEE, la convention a prévu que les États riverains pouvaient exercer leurs droits économiques au-delà de 200 milles si leur plateau continental excédait cette largeur, jusqu'à une distance de 350 milles (article 76 de la convention). Ainsi le domaine international de l'océan a été fortement réduit. Dans l'Arctique, si on délimite des zones de 200 milles sur les façades des riverains et de leurs archipels, ne reste international que le secteur central, autour du pôle, qui correspond approximativement au bassin profond de l'océan, mais aussi à l'extension de la banquise permanente en été. En outre, les États riverains pourraient empiéter sur ce secteur, s'ils faisaient jouer la clause de l'extension possible de leur juridiction économique sur le prolongement de leur plateau continental.
Les principaux différends sur les limites maritimes
Avec, en arrière-plan, l'existence de gisements d'hydrocarbures encore mal cernés, les revendications et contestations se sont multipliées dans l'Arctique et l'on est même revenu sur des traités passés. Ainsi, le Canada et les États-Unis ne sont plus d'accord, depuis les années 1970, sur la prolongation de leur frontière terrestre en mer de Beaufort. Un litige plus sérieux a surgi également entre la Norvège et la Russie, qui porte sur des zones de pêche en mer de Barents.
Les ressources et les activités halieutiques dans l'océan Arctique sont limitées par la rigueur du climat, de sorte que seuls ses confins avec l'Atlantique nord connaissent une pêche active : crevette autour du Groenland méridional, morue au large du Labrador, du Groenland, de la Norvège et jusqu'au Spitsberg, mais aussi, sébaste, flétan, capelan. Les côtes du Groenland, la mer de Norvège et l'ouest de la mer de Barents sont les secteurs les plus exploités. En mer de Barents, la Norvège et la Russie divergent à la fois sur la façon de prolonger leur frontière terrestre et de délimiter leurs ZEE respectives. La souveraineté sur certains espaces marins reste donc incertaine. Faute de s'entendre sur le partage de la zone contestée de la plate-forme continentale, d'une surface d'environ 150 000 kilomètres carrés, dite « zone grise », la Russie et la Norvège ont accepté un modus vivendi depuis 1974 en s'octroyant des quotas de pêche périodiquement révisés.
Les enjeux sous-jacents retardent le règlement de ces différends et la délimitation des zones de 200 milles dans l'Arctique n'est pas acquise. Une extension éventuelle des souverainetés économiques sur le prolongement du plateau continental, là où celui-ci est très large, laisse entrevoir des litiges encore plus épineux, car elle repose sur plusieurs critères sujets à interprétation et va multiplier les contestations. D'une façon plus générale, la dissymétrie dans la répartition des plates-formes entre l'Eurasie et l'Amérique défavorise le Canada et les États-Unis. En outre, ces derniers, qui n'ont pas ratifié la convention de 1982, ne peuvent pas demander à bénéficier de l'une de ses dispositions. En revanche, les Russes et les Canadiens ne s'en privent pas ; ils vont même jusqu'à affirmer que la dorsale de Lomonosov – qui traverse le bassin Arctique central en passant près du pôle – est un prolongement de leur plateau continental, afin de pouvoir exercer leur souveraineté jusqu'au pôle. En août 2007, pour exprimer leur revendication, les Russes ont déposé sur le fond de l'océan, au pôle même, par 4 260 mètres de profondeur, un drapeau de titane, faisant réagir vivement les autres riverains et laissant augurer de l'âpreté des négociations à venir sur cette question. D’ailleurs, en 2002, la commission de l'ONU chargée de la délimitation du plateau continental avait refusé de prendre position sur les prétentions russes et avait fixé à cet État une date butoir jusqu'en 2009 pour présenter ses demandes.
Alors même que les grandes profondeurs rendent son exploitation très difficile et que la banquise n'a pas encore fondu, l'Arctique central est déjà très disputé, et à plus forte raison ses bordures, économiquement beaucoup plus utilisables.
L'enjeu des routes maritimes arctiques
Si l'idée de passer par l'Arctique pour relier l'Atlantique au Pacifique a germé il y a longtemps, les tentatives sont restées infructueuses jusqu'à la seconde moitié du xixe siècle, quand le Suédois Adolf Erik Nordenskjöld força, le premier, le passage du Nord-Est en longeant les côtes de l'Eurasie (1878-1879) et jusqu'au début du xxe siècle, lorsque le Norvégien Roald Amundsen réussit à se faufiler dans le dédale des détroits canadiens du passage du Nord-Ouest (1903-1906).
L'avantage de ces routes difficiles réside dans la réduction des distances entre les façades d'un même continent, voire entre deux continents. Ainsi, l'itinéraire Londres-Vladivostok totalise 11 000 milles marins par le canal de Suez, mais seulement 7 670 milles par le détroit de Béring. Pour la Russie, la liaison Mourmansk-Vladivostok représente 12 830 milles par Suez, alors qu'elle en fait moins de la moitié par l'Arctique. Enfin, à l'ouest, la route Hambourg-Vancouver fait 14 700 milles par le cap Horn, 9 350 milles par Panamá et 8 090 milles par le passage du Nord-Ouest. De plus, l'Arctique permet d'éviter les grands canaux interocéaniques de Suez et Panamá qui sont des points sensibles du trafic maritime. En revanche, ces routes sont lentes, risquées et toujours onéreuses, en raison de l'énorme infrastructure logistique qu'elles nécessitent : brise-glace, avions de reconnaissance pour choisir les itinéraires entre les glaces, stations météorologiques et ports spécialement conçus pour un trafic saisonnier, enfin le coût des navires à coque renforcée.
Du côté américain, l'avantage du passage du Nord-Ouest par rapport au canal de Panamá est peu tangible pour les États-Unis, ce qui explique en partie qu'ils n'aient pas véritablement cherché à établir une route polaire à travers l'archipel canadien. Il n'y a eu jusqu'à présent que des passages occasionnels pour installer, puis ravitailler, des bases militaires arctiques ou desservir des localités inuites.
L'ouverture d'une route commerciale au nord de l'URSS se justifiait davantage, parce qu'elle permettait d'évacuer les productions de pondéreux de la Sibérie qui descendent par les fleuves vers la façade arctique. La route polaire pouvait fonctionner comme un collecteur transversal, soit vers l'ouest soit vers l'est. Les Soviétiques y consacrèrent beaucoup d'efforts et de capitaux. En 1932, le brise-glace Sibirjakov réalisait le premier passage ouest-est en une seule saison de navigation et, en 1935, était ouverte la première liaison commerciale Leningrad-Vladivostok. Les cargos naviguent en « caravanes », comme disent les Russes, c'est-à-dire en convois derrière un brise-glace. Le trafic est saisonnier, les marchandises n'empruntent en général qu'un tronçon de la ligne, l'acheminement est très lent et les catastrophes dues aux glaces sont chroniques, par exemple en 1937 et en 1983, lorsque les brise-glace eux-mêmes furent prisonniers de la banquise. Dans ces conditions, le fret annuel n'a guère dépassé quelques millions de tonnes dans les meilleures années. Les coûts inhérents à cette ligne expliquent qu'elle soit en « crise », selon les spécialistes russes, depuis la conversion de la Russie à l'économie de marché.
Ces liaisons maritimes ne seront jamais ordinaires, parce qu'elles ne pourront pas s'affranchir totalement du danger des glaces, accru par la nuit polaire, des brouillards fréquents et redoutables en été et qu'elles nécessiteront toujours de grosses infrastructures à terre. D'une part, elles sont côtières, ce qui limite le tonnage des navires, et, d'autre part, elles ne sauraient convenir à des porte-conteneurs pour lesquels la rapidité de l'acheminement est un impératif.
Les espoirs résident dans une atténuation du froid qui faciliterait le passage et allongerait la durée de la saison de navigation, laquelle a déjà augmenté depuis le milieu du xxe siècle, et qui permettrait peut-être de contourner par le nord certains archipels sibériens, afin d'éviter les détroits où l'englacement est le plus sévère. Depuis que des brise-glace atomiques sont parvenus au pôle – le premier, l'Arktika, en août 1977 –, on en vient même à envisager une route réellement transarctique, mais en été seulement.
Le statut des routes maritimes arctiques
Cette dernière solution lèverait un autre obstacle de taille à l'accroissement du trafic sur ces routes : celui de leur statut juridique qui ne s'est guère posé tant qu'elles ont été empruntées occasionnellement en Amérique, ou pour le seul cabotage intérieur en URSS, puis en Russie. En effet, très côtières pour éviter la banquise permanente de l'Arctique central, ces routes doivent franchir des détroits situés entre les terres d'un même pays, qui relèvent du régime des eaux intérieures, celles qui sont en deçà de la ligne de base, à la différence des eaux territoriales. Or, sur les eaux intérieures, l'État exerce une souveraineté totale, sans être tenu de respecter le droit de passage inoffensif. La position du Canada et de la Russie est sans ambiguïté. Le Canada a, depuis longtemps, assimilé les eaux de l'archipel arctique à des eaux intérieures, au grand dam des États-Unis qui considèrent que ces détroits sont internationaux et que le droit de passage doit y être respecté. La question n'est pas résolue, mais n'a pas encore une acuité très grande en Amérique du Nord, bien que les autorités inuites du Nunavut et du Nunavik souhaitent instaurer un péage sur les navires qui emprunteraient ces détroits. En revanche, le problème est plus urgent sur la façade de l'Eurasie où la route est en activité. Malgré des passages exceptionnels de navires américains pendant la Seconde Guerre mondiale pour soutenir l'URSS, les Soviétiques avaient toujours considéré que la route maritime du Nord était une ligne intérieure de cabotage, allant même jusqu'à affirmer que les mers bordières, de la mer de Kara à celle de Sibérie orientale, étaient des golfes ou des mers « historiques » de l'URSS, comme la baie d'Hudson au Canada. En janvier 1985, un décret qui fixait de façon contestable, parce que contraire aux usages du droit de la mer, les lignes de base sur la côte arctique de l'URSS en passant au large des archipels de la Nouvelle-Zemble, de la Terre du Nord et de la Nouvelle-Sibérie a clairement placé les détroits qui séparent ces archipels du continent dans le domaine des eaux intérieures, ce qui donne tout pouvoir aux autorités d'y contrôler le trafic. L'importance du dispositif militaire déployé sur leur façade arctique a toujours conduit, sauf exception, les Soviétiques à refuser le passage aux navires étrangers. Quoique plus conciliante, la Russie n'a guère assoupli cette position.
L'intérêt stratégique et militaire de l'Arctique et son évolution
Avant la Seconde Guerre mondiale, l'Arctique était considéré comme un milieu très hostile, difficilement pénétrable et dépourvu de véritable signification stratégique, du moins du côté américain, bien qu'il ait été le théâtre de quelques opérations militaires dans des détroits. L'intérêt stratégique de ces régions s'est véritablement révélé après 1945, à la suite des progrès techniques de l'aviation et de la navigation sous-marine, deux modes qui levèrent les contraintes du déplacement dans les milieux polaires.
L'aviation polaire est apparue en 1914, lorsque Ivan I. Nagurskij effectua quelques vols de reconnaissance au-dessus de la mer de Barents à la recherche du navire de Georgij Sedov qui, parti à la conquête du pôle en 1912, n'avait plus donné signe de vie. L'amélioration de l'autonomie des aéronefs et une meilleure connaissance de la météorologie polaire permettront, en 1937, un premier atterrissage au pôle, sur la banquise, pour l'équipement et le lancement de la première station polaire dérivante, puis la traversée en avion de l'océan Arctique, de Moscou à Portland (États-Unis) par Valerij Čkalov en juin, suivie de celle de Mihail Gromov en juillet, de Moscou à Los Angeles avec survol du pôle. Dès lors, l'océan Arctique était franchissable par les airs, il ne demeurait un obstacle que pour les navires. Vingt ans plus tard, grâce à l'autonomie du sous-marin atomique, on pourra relier les deux façades de l'océan en passant sous la banquise. En octobre 1958, le sous-marin nucléaire américain Nautilus traverse l'océan via le pôle tandis que, l'année suivante, le Skate parvient à faire surface au pôle, en perçant la banquise, au cours d'une nouvelle traversée. L'océan, barrière entre les continents américain et eurasiatique, fait place à une méditerranée. Il suffira d'un changement du contexte géopolitique mondial, avec l'apparition de la guerre froide, pour que l'océan devienne une zone tampon hautement stratégique entre les États-Unis et leurs alliés de l'OTAN, d'une part, et l'URSS, d'autre part. La réduction des distances terrestres sous les hautes latitudes oblige les deux camps non seulement à s'observer et à s'espionner à travers l'Arctique, mais à établir, en plus d'un dispositif d'alerte par radars, les bases militaires aéronavales d'où seraient susceptibles de partir les attaques ou ripostes éventuelles par les sous-marins atomiques et les bombardiers à long rayon d'action. En outre, c'est à la bordure de l'océan Arctique que les pays occidentaux et l'URSS avaient une frontière maritime commune, en mer de Barents et dans le détroit de Béring.
Dès les années 1950, les États-Unis et le Canada s'étaient associés pour créer en Alaska et dans l'archipel canadien une ligne de radars, la DEW Line (Distant Early Warning Line), afin de se prémunir d'une attaque de bombardiers soviétiques venus du pôle. L'ère des missiles balistiques intercontinentaux, à partir des années 1960, loin de rendre caduques ces installations, renforcera, après modernisation, la fonction d'alarme qui leur est dévolue. En même temps, des systèmes de surveillance et d'écoute étaient mis en place sous la banquise pour détecter et suivre les mouvements des sous-marins nucléaires d'attaque ou lanceurs d'engins. Pendant la guerre froide, l'océan Arctique a connu la plus forte concentration géographique de sous-marins nucléaires. Dans ce dispositif, le Groenland fut considéré comme un maillon essentiel par sa position transcontinentale aux latitudes les plus élevées. Aussi, avec l'accord des Danois, les Américains y installèrent-ils plusieurs bases dans les années 1950, dont celle de Thulé par 760 33' de latitude nord.
Pour l'URSS, le contrôle de l'Arctique était encore plus vital que pour les États-Unis, en raison de la longueur de sa façade arctique, de son potentiel économique puisqu'elle est le débouché naturel de la Sibérie, et de la proximité des centres nerveux du pays (Leningrad, Moscou). Elle est sans comparaison avec la façade archipélagique de l'Amérique du Nord, fragmentée et sans arrière-pays. Aussi les Soviétiques ont-ils créé un réseau de bases et de ports sur leur côte arctique et jusque dans les archipels des plus hautes latitudes. Pour sécuriser l'ensemble du dispositif et surveiller les issues de l'Arctique vers l'Atlantique et le Pacifique, aux deux extrémités avaient été concentrés de gros moyens navals et aériens : autour de Mourmansk dans la péninsule de Kola à l'ouest, de Petropavlovsk au Kamčatka (Kamchatka) et de Vladivostok à l'est.
L'effondrement de l'URSS en 1991 n'a pas modifié fondamentalement la militarisation de l'Arctique. Pour la Russie, la perte des républiques Baltes et de l'Ukraine a entraîné une certaine « démaritimisation » du pays qui a renforcé le rôle de la façade arctique. Quoique amoindrie, la puissance militaire russe est loin d'avoir disparu et les dirigeants du pays savent la réaffirmer face aux craintes d'encerclement que suscitent l'élargissement de l'OTAN et ses nouvelles missions.
Du côté des États-Unis et de leurs alliés arctiques, le lancement, dans les années 1990, du projet de bouclier antimissiles, de l'Alaska à la Terre de Baffin, au Groenland, à l'Écosse et à la Norvège a renforcé le rôle du glacis arctique. Plus récemment, même si la Russie ne représente plus la même menace que l'URSS, les États-Unis ont cherché, depuis les attentats du 11 septembre 2001, à renforcer cette défense en sanctuarisant leur territoire. La base de Thulé reste le pivot du dispositif arctique américain.
Les enjeux environnementaux
Les conditions extrêmes, l'inaccessibilité et la rareté des hommes ont longtemps préservé la nature des régions de haute latitude. Mais, depuis les années 1960, les perturbations anthropiques, liées à une mise en valeur croissante et à la militarisation, s'y multiplient. Les écosystèmes terrestres et marins s'en trouvent altérés et les peuples autochtones, qui vivaient en symbiose étroite avec la nature, s'en inquiètent.
L'océan Arctique n'est qu'un élément de l'océan mondial. Comme il participe aux flux atmosphériques et océaniques planétaires, il est victime de pollutions venues d'ailleurs, d'autant plus que les milieux polaires, du fait de leurs basses températures, de l'absence saisonnière d'eau liquide et de leur couverture de neige et de glace, ont tendance à concentrer les polluants. En outre, les exploitations minières et pétrolières, sortes de fronts pionniers dans l'Arctique, sont des facteurs sérieux d'altération du milieu qui s'ajoutent à la pollution produite par la circulation des navires et des véhicules, les fuites d'oléoducs, les accidents sur les champs d'extraction, le développement rapide du tourisme et enfin la militarisation, surtout quand celle-ci s'appuie sur des armes et des navires atomiques. La radioactivité issue des équipements datant de la guerre froide, forme de pollution moins visible et plus sournoise, s'avère inquiétante dans ces régions. Dans le secteur russe, les essais nucléaires du polygone de tir de la Nouvelle-Zemble qui fonctionna de 1955 à 1990, les accidents de sous-marins nucléaires, le stockage de déchets radioactifs, l'immersion de réacteurs nucléaires et le démantèlement de vieux bâtiments de la flotte russe dans des conditions précaires ont fortement accru les taux de radioactivité, de la presqu'île de Kola à la mer de Kara, au point que cette dernière est parfois qualifiée de « poubelle nucléaire ». On observe des risques de contamination durable dans l'ensemble du monde polaire boréal et même au-delà, susceptibles d'affecter tous les pays riverains ; cela suppose des réactions communes et concertées, par-delà les rivalités géopolitiques.
Les peuples autochtones sont les premiers concernés par le développement économique qu'on leur impose et par la militarisation. Les Inuits ont manifesté leur hostilité à l'ouverture de fronts pionniers au Canada dès les années 1970 et craignent les effets du recul de la banquise, des glaciers et du pergélisol sur leur mode de vie ancestral. En revanche, ils bénéficient de la croissance économique qui leur offre des emplois et leur donne accès à des technologies nouvelles. La population inuite a doublé au Canada depuis le recensement de 1981 et elle est devenue urbaine à 87 %, signe que les autochtones sont peu à peu coupés de leur environnement traditionnel, avec les phénomènes d'acculturation qui en découlent.
Face à ces perturbations, les États ont cherché à réagir, sans remettre en cause le développement économique, en tentant de préserver la nature là où elle n'était pas encore trop dégradée. Ainsi ont été créés des espaces protégés, des parcs naturels, des sites classés qui devraient contribuer également à maintenir la vie traditionnelle des peuples autochtones. Au Svalbard, 60 % de la superficie de l'archipel sont protégés ; la Terre François-Joseph et les îles de Nouvelle-Sibérie sont des réserves naturelles ; le quart nord-est du Groenland est, depuis 1974, un parc naturel, qui plus est le plus grand du monde. Il y a dans cette politique une volonté d'apaiser les craintes des populations locales tout en se réservant le droit d'ouvrir des fronts pionniers ; on imagine mal les pays riverains renoncer à la mise en valeur des ressources naturelles dont ils disposent, notamment des hydrocarbures, alors qu’apparaît le spectre de leur raréfaction dans les régions déjà exploitées et plus accessibles.
Les étendues glacées de l'Arctique, longtemps marginales et de peu d'intérêt, ont souvent renvoyé l'image d'un monde immaculé qui, parce qu'il était hostile, échappait à l'anthropisation. Or les impératifs stratégiques et les progrès techniques, associés maintenant au réchauffement climatique, tendent au contraire à les intégrer à l'œkoumène et avivent les tensions géopolitiques autour de leurs ressources. Cette pénétration des activités humaines affecte nécessairement les milieux naturels et soulève le problème de leur protection. Alors qu'en Antarctique, sur un continent couvert d'une épaisse calotte de glace et inhabité, sauf par des scientifiques, l'exploitation économique a été bannie pour n'y autoriser que la science, il semble qu'en Arctique, où les ressources deviennent plus accessibles et où vivent de longue date des populations humaines, une telle solution ne soit pas acceptable. À défaut, il serait souhaitable que les pays riverains et tous les utilisateurs des hautes latitudes boréales s'entendent sur une véritable gouvernance, préconisée par certains. Le Conseil de l'Arctique, créé en 1996, qui rassemble les cinq riverains, plus la Finlande, l'Islande, la Suède et des représentants des peuples autochtones, pourrait prendre en charge cette responsabilité nouvelle.
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