DOMESTICATION
- 00:00:00
- Durée totale : 0s
Alors qu'ils s'entichent d'animaux de compagnie et de plantes ornementales, les citadins ont aujourd'hui presque tout oublié de la culture rurale de leurs ancêtres. Il en résulte une grande méconnaissance de la faune et de la flore en général, domestiques en particulier, les « animaux domestiques » étant confondus avec les « animaux de compagnie ». Cela entraîne aussi un rejet diffus et implicite de la domestication, perçue de manière réductrice comme une appropriation et une exploitation illégitimes d'autres êtres vivants par l'homme. C'est oublier que l'apparition de la domestication des plantes et des animaux au Néolithique a marqué, dans l'histoire de l'humanité, un tournant décisif, sur les plans économique, social et culturel. Aujourd'hui, c'est encore grâce à la domestication et à ses prolongements agronomiques et zootechniques que peuvent, tant bien que mal, continuer à se nourrir quelque six milliards d'êtres humains, soit deux cents fois plus qu'au temps des premières domestications. Loin d'être anodine, cette méprise est une manifestation du recul actuel de la culture scientifique et la source d'un nouvel obscurantisme.
Les disciplines classiques de l'étude de la domestication – la zootechnie, l'agronomie et l'archéologie – ne sont pas sans responsabilité dans ces égarements car, en se focalisant sur les animaux et les plantes domestiques les mieux caractérisés, ainsi que sur les processus de domestication les mieux situés dans le temps et dans l'espace, elles ont négligé des questions périphériques pourtant riches d'enseignements comme celles des domestications abandonnées, des retours à la vie sauvage (marronnages), des domestications récentes, des disparitions de races d'animaux domestiques, etc. Toutes montrent que la domestication ne va jamais de soi, qu'elle n'est jamais définitivement acquise, pas plus qu'elle n'est évitable, malgré le cortège de problèmes qu'elle suscite.
Quelques définitions
La domestication (du latin domus, « maison ») est l'action que l'homme exerce sur des animaux ou des végétaux, ne serait-ce qu'en les élevant ou en les cultivant. En se les appropriant et en les utilisant pour son agrément ou la satisfaction de ses besoins, l'homme les transforme. Ce principe général se traduit, dans la réalité, par des pratiques et des résultats très divers, parfois surprenants.
L'action de domestication est d'abord dictée par les exigences fondamentales que l'homme doit satisfaire pour que les animaux ou les végétaux qu'il convoite ou détient survivent à la fois en tant qu'individus et en tant qu'espèces. Ces exigences sont : la protection (contre les prédateurs, les intempéries...), l'alimentation et la reproduction, à quoi s'ajoute, pour les animaux, la familiarisation avec l'homme. C'est à l'intensité de l'intervention humaine dans chacun de ces domaines que l'on peut apprécier le degré de domestication, le stade le plus avancé étant atteint quand aucune de ces fonctions ne peut être satisfaite sans l'entremise humaine (J. Barrau, 1978). Selon ces critères, le plus domestique des animaux est un papillon : le bombyx du mûrier. La reproduction de cet animal et l'alimentation de sa chenille, le « ver à soie », s'effectuent en effet dans des conditions entièrement artificielles ; il suffirait que les hommes décident de se passer de la soie naturelle pour que l'espèce Bombyx mori disparaisse irrémédiablement.
La plupart des animaux réputés domestiques répondent à la définition classique de R. Thévenin (1960) : « Un animal domestique [est] celui qui, élevé de génération en génération sous la surveillance de l'homme, a évolué de façon à constituer une espèce, ou pour le moins une race, différente de la forme sauvage primitive dont il est issu. » L'homme a ainsi obtenu le bœuf à partir de l'aurochs, le chien à partir du loup, le mouton à partir du mouflon, le porc à partir du sanglier, etc. Toutefois, les espèces domestiques et les espèces souches correspondantes restent souvent interfécondes. C'est le cas, par exemple, entre le chien (Canis familiaris) et le loup (Canis lupus) ou encore entre le porc (Sus domesticus) et le sanglier (Sus scrofa).
Cette définition est cependant très loin de couvrir toutes les situations. En effet, dans certains cas, la domestication a entraîné des transformations relativement importantes (de taille, de pelage... comme chez les lapins), mais les animaux concernés ne forment pas une espèce distincte de l'espèce souche. Ainsi, le lapin de clapier relève du même taxon (Oryctolagus cuniculus) que le lapin de garenne. Dans d'autres cas, au contraire, les sujets domestiques et sauvages appartenant à la même espèce diffèrent très peu : c'est notamment le cas pour le renne (Rangifer tarandus, domestiqué en Eurasie mais pas en Amérique où il est appelé caribou), le chameau à deux bosses (Camelus bactrianus), l'éléphant d'Asie (Elephas maximus), l'autruche (Struthio camelus) ou la pintade (Numida meleagris). Il est donc inexact de parler, comme font les droits français (Code rural) et international (convention de Washington, 1973), d'espèces sauvages et d'espèces domestiques distinctes, ces dernières ne représentant en réalité qu'une minorité des espèces concernées par la domestication. La frontière sauvage/domestique ne passe donc pas entre des espèces, mais à l'intérieur des espèces, du moins de celles qui comportent des sujets sauvages et des sujets domestiques, dans des proportions variables selon les lieux et les époques.
Si l'on opte pour une définition plus globale de la domestication – action que l'homme exerce sur des animaux, ne serait-ce qu'en les élevant –, on découvre vite qu'une telle action a touché, d'une manière ou d'une autre, des animaux de plus de deux cents espèces, de l'huître au chien, en passant par le bombyx, la carpe et de multiples oiseaux et mammifères.
Bien qu'à un degré moindre, les végétaux appellent les mêmes définitions assorties des mêmes commentaires. Action que des humains exercent sur des plantes, ne serait-ce qu'en les cultivant, la domestication transforme les espèces végétales concernées : les graminées sauvages en céréales, les légumineuses sauvages en fèves et en lentilles, etc. Même chez les végétaux, il existe de nombreuses formes intermédiaires entre les plantes sauvages et les plantes cultivées dont plus de quatre cents espèces ont été recensées (N. Vavilov, 1950 ; J.-R. Harlan, 1975).
Les premières domestications
Les végétaux
Le sud-ouest asiatique peut être considéré comme le lieu d'origine de la plupart des céréales – graines riches en calories et en protéines végétales, qui sont en outre faciles à transporter et à conserver d'une saison à l'autre (F. Bourlière, 1965) –, de beaucoup de légumes et de la majorité des arbres fruitiers (Transcaucasie) (figure). À partir des foyers eurasiens, les cultures s'étendirent vers l'est comme vers l'ouest : vers 10 000 avant J.-C., le nombre de plantes comestibles était infime en Europe mais, dès le IIIe millénaire avant J.-C., les céréales – blé, orge, mil à épis, seigle, avoine – y seront abondamment répandues.
Le Nouveau Monde a fourni le maïs, le haricot, le topinambour, la pomme de terre, la tomate. Certaines de ces plantes ne se répandirent en Europe qu'à partir du xvie siècle avec le retour des premiers conquistadors. D'Océanie et d'Extrême-Orient vinrent le riz, le millet, la tétragone et les crosnes.
À côté des plantes à valeur nutritive, l'homme cultivait pour son agrément, dès le IIIe millénaire avant J.-C., des plantes ornementales : rose en Europe et au Moyen-Orient aux IIIe-IIe millénaires avant J.-C., chrysanthèmes en Chine vers le début de notre ère...
L'exemple, bien documenté, du blé permet de donner un aperçu des transformations successives qui ont conduit des végétaux sauvages aux plantes cultivées puis domestiquées (D. Poulain, 2003). Bien avant que sa culture ne commence, plusieurs dizaines d'espèces de blé prospéraient déjà au Moyen-Orient. Les premières traces d'engrain (Triticum monococcum) et d'amidonnier (Triticum dicoccum) datent de 10 000 ans av. J.-C. Dans un premier temps, en l'absence de semailles, ce sont les grains qui échappent au cueilleur ou que celui-ci abandonne qui se reproduisent, laissant prédominer les caractères « sauvages ». Puis, dès que l'homme sème ce qu'il a récolté, la situation change. Une sélection peut avoir lieu, selon divers critères : taille des grains et des épis, vitesse de germination, facilité de récolte et d'égrenage. L'amélioration des qualités de la plante va déterminer l'extension de son aire de culture et la multiplication des variétés géographiques adaptées à différentes régions. Aujourd'hui, avec le développement des échanges et des hybridations, le nombre des variétés de blé a été ramené à environ cent vingt. Mais les rendements, eux, sont passés de 2 ou 3 quintaux par hectare (q/ha) au Néolithique, à une quinzaine dans la Rome antique et à plus de soixante aujourd'hui dans les bassins céréaliers.
Les animaux
Moins nombreuses sont les espèces animales qui ont fait l'objet de tentatives de domestication – environ deux cents – ou qui ont été durablement domestiquées – de 24 à 37 en fonction des critères retenus, cette incertitude numérique traduisant l'embarras des zoologues face au flou de la frontière sauvage/domestique (tabl. 1).
En revanche, grâce à des méthodes de fouille et de datation profondément renouvelées en quelques décennies, l'archéozoologie et l'ethnologie préhistorique ont permis de découvrir de nouveaux foyers (africains, américains et européens, et non plus seulement proche-orientaux) et de faire reculer plusieurs dates de première domestication (tabl. 2). Elles ont ainsi conduit à remettre en cause l'ancienne séquence périodique – qui passait du stade de la « sauvagerie », caractérisé par l'activité cynégétique, à celui de la « barbarie », associé au pastoralisme nomade, puis au stade de la « civilisation », marqué par l'accession à l'agriculture – au profit de la séquence suivante : chasseurs-cueilleurs nomades, puis agro-pasteurs sédentaires et, enfin, différenciation par spécialisation entre agriculteurs villageois et pasteurs nomades (« Néolithique pastoral »). Il existe toutefois quelques exceptions : le chien a été domestiqué par des chasseurs, le renne par des nomades, etc.
Trois grands foyers de première domestication se dégagent :
– l'Asie du Sud-Est, où l'homme a sélectionné des plantes à multiplication végétative et des animaux comme la poule, le canard, le chien, le porc) ;
– l'Asie du Sud-Ouest (de l'Iran à la Jordanie), foyer le plus productif, où l'homme devint planteur puis fermier, en même temps qu'il domestiqua les animaux en troupeaux : chèvres, moutons, vaches, chameaux, chevaux (D. Helmer, 1992).
– l'Amérique, avec deux centres secondaires : l'Amérique du Sud avec une prédilection pour des plantes à multiplication végétative et des animaux comme le lama et l'alpaca, le cobaye (ou « cochon d'Inde »), le canard à caroncule (« canard de Barbarie »), et l'Amérique centrale avec la plantation de graines (maïs) et la domestication du dindon.
Chronologiquement, une première vague de domestications a été réalisée à partir de l'Holocène (entre 12 000 et 5 000 ans avant J.-C.) en diverses parties du monde (avec cependant des décalages parfois importants de l'une à l'autre) : dindon, lama, maïs, pomme de terre en Amérique centrale et méridionale ; chien (le plus ancien animal domestiqué, vers 12 000 avant J.-C.), renne dans l'Eurasie péri-arctique ; bœuf, chou, betterave en Europe ; porc, chèvre, mouton, blé au Moyen-Orient ; buffle, chameau, millet, sarrasin, riz en Asie ; âne, sorgho en Afrique, etc. À la vague des premières domestications a parfois succédé, à la fin du Néolithique (entre 3 000 et 1 500 av. J.-C.), une « domestication secondaire » ou « domestication des produits », en vue d'usages autres que la production de viande : lait, laine, énergie, transport...
L'expression « révolution néolithique » (G. Childe, 1954) a souvent été utilisée à propos des premières domestications. Elle fait référence à l'ampleur de leurs conséquences, mais ne doit pas suggérer que celles-ci se seraient produites subitement et/ou rapidement. En fait, leur réalisation s'est accomplie de façon très progressive, en passant par plusieurs étapes qui sont des transitions plus que des ruptures. Le souci de l'exploitation rationnelle et à long terme des ressources naturelles est apparu peu à peu, d'abord dans les économies de chasse et de cueillette, dès que les hommes ont commencé à intervenir pour favoriser certaines espèces qui leur semblaient plus utiles que d'autres, notamment pour leur alimentation.
Une fois déclenchée, la domestication a dû, pour être complète, s'exercer sur des populations végétales ou des troupeaux entiers. Elle n'a pu être considérée comme accomplie qu'à partir du moment où l'homme a choisi lui-même l'habitat des populations animales et végétales considérées, et contrôlé leur reproduction en sélectionnant semences et reproducteurs, tout en s'efforçant de les protéger des risques naturels et de satisfaire leurs besoins vitaux. Cette action et le nouvel environnement symbiotique qui en a résulté ont entraîné une évolution génétique plus ou moins rapide et importante selon les espèces – évolution dont certains traits, parfois discernables sur les vestiges végétaux et animaux, constituent les premiers témoins archéologiques de la domestication.
À l'intérieur de ce schéma général, la domestication a pu revêtir des formes et des modalités variées, en fonction des espèces et des contextes : chasse sélective, étape intermédiaire entre la prédation et la domestication ; « domestication agricole » dictée par le souci de protéger les premières cultures de l'appétit des herbivores sauvages, notamment par la technique du corraling, qui consista à pousser un troupeau sauvage dans une structure en entonnoir conduisant à un enclos, le corral, etc.
Semi-domestications, néo-domestications, dédomestications
Force est de constater que la domestication a souvent conduit à des résultats inégaux, dont témoignent d'innombrables cas de domestications abandonnées (gazelles, hyène tachetée et crocodiles engraissés en Égypte ancienne, biche traite par les Romains, couleuvres et genette utilisées comme prédateurs des rongeurs en Europe médiévale, élan monté en Suède jusqu'au xviie siècle...), à quoi s'ajoutent les cas de proto- ou de semi-domestications (animaux élevés dans des conditions proches de l'état naturel comme les rennes en Laponie ou les porcs dans certaines sociétés de Nouvelle-Guinée).
La domestication ne se réduit pas non plus aux premières domestications, aussi importantes et déterminantes que furent celles-ci. En témoignent notamment les néo-domestications des xixe et xxe siècles : éléphant d'Afrique au Congo belge, élan en U.R.S.S., éland du Cap et autruche en Afrique du Sud, bœuf musqué en Alaska et au Canada, cerf élaphe et bison d'Europe, divers gros rongeurs d'Amérique (aguti, cabiai, ragondin, rat musqué), etc. C'est également à l'époque moderne et pour les besoins particuliers des laboratoires que l'homme a élevé des rongeurs et des singes, élargissant ainsi le prélèvement spécifique sur la faune.
En outre, l'action de domestication doit nécessairement s'exercer de manière continue, être chaque jour renouvelée et entretenue, faute de quoi des animaux peuvent se dédomestiquer et même, dans certains cas, retourner à l'état sauvage. Ce phénomène, appelé marronnage (terme qui s'appliquait aussi aux esclaves échappés) ou féralisation (de l'anglais feral), montre qu'un animal ne peut jamais être considéré comme totalement ou définitivement domestiqué. À l'inverse, les néo-domestications ou re-domestications contemporaines indiquent, elles, qu'un animal sauvage n'est jamais entièrement à l'abri d'une tentative de domestication.
Enfin, de nombreux animaux se trouvent en perpétuelle situation d'équilibre instable entre état sauvage et état domestique, soit parce qu'ils se laissent moins aisément domestiquer que d'autres (éléphants, abeilles, pour des raisons différentes), soit parce qu'ils sont délibérément maintenus par l'homme dans un état proche de la sauvagerie (chat jusqu'au xviiie siècle, chiens de combat, taureaux de corrida, guépard et oiseaux de proie affaités pour la chasse), montrant que l'action de domestication n'est pas univoque puisqu'elle peut aussi s'exercer dans le sens d'un ensauvagement dosé et contrôlé pour conserver intacts certains comportements spécifiques utilisables par l'homme. Tous ces « cas limites » (J.-P. Digard, 1990) prouvent que la frontière sauvage/domestique n'est pas imperméable, intangible, fixée une fois pour toutes, qu'elle n'est pas la même pour tous les animaux et que ses fluctuations dépendent, en dernière instance, de l'action de l'homme.
Les déterminants de la domestication
Dans le prolongement de l'analyse des traces matérielles laissées par la domestication, les archéologues n'ont eu de cesse de s'interroger sur ses déterminants et ses modalités. Un premier courant, qui refait surface aujourd'hui, a proposé d'y voir une réponse à une raréfaction des ressources disponibles consécutive à une dégradation climatique (G. Childe, 1954) et/ou à un accroissement démographique (L. Binford, 1983). Entre-temps, dans les années 1960, l'idée d'une « abondance » créée par la domestication a été remise en cause (M. Sahlins, 1972) ; il n'en restait pas moins que, pour passer à l'agriculture, il fallait y avoir été contraint (R. Lee & L. De Vore, 1968).
À ces hypothèses utilitaristes, pour lesquelles l'enjeu de la domestication est de résoudre des problèmes alimentaires, se sont opposées des hypothèses purement religieuses – domestication du bœuf et du coq (E. Hahn, 1896 ; C. O. Sauer, 1969) – ou mêlant rite et plaisir, par exemple pour le tabac ou le chanvre, dont la domestication est antérieure à celle du maïs et du blé.
Même si la portée de telles hypothèses reste faible, il ne faut pas en conclure que la domestication n'aurait toujours et partout répondu qu'à des considérations utilitaires. Au contraire, il y a tout lieu de penser que l'homme n'a pas d'emblée domestiqué des animaux dans l'intention d'en tirer des services ou des produits matériels, pour la simple raison que ces derniers n'existaient pas avant la domestication, mais qu'ils en furent le résultat à plus ou moins long terme. Ainsi, la fourniture de viande étant acquise, les hommes du Néolithique ne pouvaient pas prévoir que le mouflon fournirait de la laine, ni que la vache pourrait produire plus de lait que n'en réclamait son veau, ni, a fortiori, que le cheval serait appelé à jouer un rôle économique et militaire de premier plan. Les premières domestications ont probablement été guidées, avant tout, par deux tendances inscrites dans la nature de l'homme : d'une part, la curiosité intellectuelle gratuite, le besoin de relever des défis, de réussir du jamais vu, de venir à bout de ce qui échappe, indépendamment de toute nécessité ; d'autre part, le désir de dominer les êtres et la nature, de se les approprier et d'agir sur eux.
Pour les premières domestications et la naissance de l'agriculture au Proche-Orient, une hypothèse « psycho-culturelle » particulièrement intéressante a été avancée par J. Cauvin (1994) : l'invention de l'agriculture aurait été précédée, au Khiamien (entre 10 000 et 9 000 av. J.-C.), par une période de maturation culturelle préalable, appelée « révolution des symboles », qui était perceptible notamment dans l'architecture (maisons rondes construites en surface) et dans l'art funéraire (statuaire en argile durcie au feu dominée par la représentation anthropomorphe d'entités surnaturelles et par des crânes d'ancêtres surmodelés). Les Khiamiens ne pratiquèrent donc pas eux-mêmes l'agriculture et l'élevage mais ils fournirent le « milieu intérieur » d'où leurs héritiers, les Natoufiens, à partir de 9 000 avant J.-C., feront naître et se développer ces deux activités. Alors que l'attitude antérieure était plutôt de se tenir à une distance prudente de l'aurochs, le « peuple du taureau » va désormais affronter la bête et trouver ainsi l'occasion d'éprouver sa maîtrise de soi, son courage et son efficacité combative. La « révolution des symboles » a donc eu pour particularité essentielle de déboucher sur une nouvelle attitude envers l'environnement, non plus passive mais active, centrée à la fois sur la vie concrète et sur son renouvellement.
Les effets de la domestication
L'impact sur les animaux
Pour évaluer l'impact de la domestication sur les animaux, il faut commencer par se demander s'il existe, au moins chez certaines espèces, des dispositions comportementales à la domestication. Georges Cuvier (1825) avait déjà insisté sur la « sociabilité » des animaux, considérée dans ses rapports avec la domestication. Puis, Isidore Geoffroy Saint-Hilaire (1861) avait introduit la notion de participation de l'animal lui-même à son propre asservissement, d'un « état actif » supposant « la possibilité de se plier à de nouvelles habitudes, la connaissance du maître, et par conséquent un certain degré d'intelligence ou d'instinct, et de volonté ». À peu près à la même époque, l'ethnologue britannique Francis Galton (1865) classait le fondness for man – penchant [de certains animaux] pour l'homme – en seconde position des conditions de la domestication animale.
Les notions qui viennent d'être évoquées recouvrent en fait deux aspects qu'il convient de distinguer : d'une part, l'attirance que certains animaux semblent éprouver pour l'homme ; d'autre part, la faculté qu'ont ces animaux de s'intégrer parfaitement à la vie des humains, au point d'accepter les contraintes et les servitudes que celle-ci leur impose.
L'attirance des animaux pour l'homme s'explique aisément, dans la plupart des cas, par des motifs prosaïques, comme l'intérêt du chien et du porc pour les déchets humains, cet intérêt ayant sans doute joué un rôle dans la domestication de ces omnivores.
Mais de nombreux animaux témoignent aussi d'une authentique curiosité : l'élan, par exemple, à l'état sauvage, a tendance à s'approcher de l'homme. Ce type de comportement, qualifié de « pseudo-domestication » (J. Pelosse, 1982), a certainement été mis à profit par l'homme. La curiosité du cheval et l'attitude correspondante – corps immobile, encolure tendue, oreilles pointées vers l'avant – sont bien connues des familiers de cet animal ; on voit mal comment, sans cette curiosité, cet animal émotif, puissant et prompt à s'enfuir aurait pu être domestiqué. De même, le comportement exploratoire du chien est à la base de ses utilisations actuelles comme auxiliaire de chasse, de police, etc.
De la curiosité à la coopération dans la quête de nourriture, il n'y qu'un pas que franchirent certainement certains animaux et les hommes préhistoriques. À force de se rencontrer sur les mêmes terrains de chasse et lors de la poursuite des mêmes gibiers, selon des techniques complémentaires – pistage, poursuite et rabattage pour les premiers, embuscade pour les seconds –, les loups et les hommes ont dû finir par comprendre quel parti ils pouvaient tirer les uns des autres ; d'abord rivaux, ils ont sans doute collaboré de manière fortuite au début, puis de plus en plus régulièrement, se partageant même leur butin (pensons à la curée en vénerie).
Pour que l'homme et des animaux dépassent les simples rapports de voisinage ou de commensalité, il faut que les seconds soient doués d'une sociabilité qui les conduisent, sous certaines conditions, à accepter l'homme comme un de leurs propres congénères. Les éthologues s'accordent aujourd'hui à reconnaître que cette tendance à l'« assimilation » (H. Hediger, 1934) est particulièrement développée chez les espèces dont l'éthogramme (ensemble des comportements innés) combine les éléments suivants (E.S.E. Hafez, 1969) :
– un grégarisme qui s'opère dans le cadre de groupes relativement larges (troupeaux), mixtes (mâles restant en permanence avec les femelles) et hiérarchisés (présence d'un dominant) mais à faible organisation territoriale ;
– un comportement sexuel caractérisé par la promiscuité (accouplements sans choix), la domination des mâles sur les femelles et l'émission des signaux par mouvements et postures plutôt que par formes et couleurs ;
– des interactions parents-jeunes marquées par un faible attachement ou par une période critique dans la formation de cet attachement, et par un développement précoce des jeunes au terme duquel ceux-ci se séparent des parents ;
– une faible réactivité aux activités et agents extérieurs perturbants, courte « distance de fuite » (distance à laquelle un animal ne se laisse pas approcher sans fuir) ;
– des habitudes peu fixes, d'où une grande adaptabilité à des changements de l'environnement ;
– un comportement alimentaire peu spécialisé.
En raison de son importance pour la domestication, le concept d'attachement ou d'« empreinte » (imprinting en anglais et Prägung en allemand), souvent traduit de façon erronée par « imprégnation » (qui désigne aussi la télégonie, croyance au marquage d'une femelle par son premier partenaire sexuel), mérite une attention particulière (cf. comportement animal). Les comportements « filiaux » et, plus tard, sexuels du jeune animal se fixent au cours d'une « période critique » dont la durée et l'emplacement après la naissance sont inscrits dans le programme génétique de chaque espèce. Durant cette période, le jeune animal prend aussi bien l'empreinte d'une « mère de remplacement » (objet mobile, morceau de tissu ou de fourrure, animal d'une autre espèce ou humain) que de sa mère biologique. Bien avant son étude par les scientifiques, le phénomène de l'empreinte avait été découvert empiriquement et exploité de multiples manières par la plupart des éleveurs traditionnels (M. Casimir, 1982). Ceux-ci savaient parfaitement tout le parti qu'il est possible de tirer, par exemple, d'un animal nourri au biberon ou par des aliments pré-mastiqués, ou encore allaité au sein par une femme (J. Milliet, 1987). Sont ainsi élevés les animaux les plus divers (chiens, porcs, singes) en Amazonie et en Océanie, et les animaux conducteurs de troupeaux (boucs ou moutons) chez les nomades du Moyen-Orient. De tels animaux montrent souvent un attachement indéfectible pour l'homme et des facultés d'apprentissage inconnues chez leurs congénères élevés différemment et, a fortiori, chez leurs homologues sauvages.
Au cours de leur domestication, les animaux et, dans une moindre mesure, les végétaux peuvent subir, du fait de l'action – intentionnelle ou non – de l'homme, des transformations phénotypiques et, pour les animaux, comportementales. Aux modifications du squelette (taille, forme...), qui fournissent aux archéologues les premiers indices de domestication, il faut ajouter les changements du pelage, de sa couleur (fréquence des robes pies ou claires, voire de l'albinisme), de sa longueur et de sa texture (laine des moutons, des chèvres et des lapins angoras ou, à l'inverse, moutons sans poils d'Afrique et chiens « nus » de Chine, du Mexique et du Pérou), dont on ne trouve aucun équivalent dans les formes sauvages (F. Bourlière, 1974). Toutes les espèces ne sont pas également concernées par ces modifications. Les plus touchées sont celles qui présentent un taux de mutabilité plus élevé et/ou un rythme de reproduction plus rapide : c'est notamment le cas du chien, qu'une douzaine de milliers de générations séparent de sa première domestication.
La question des modifications comportementales entraînées par la domestication est plus controversée. Certains auteurs les jugent infimes. Entre le répertoire comportemental du loup et celui du chien, les seules différences observables se limitent à peu près aux aboiements et aux mouvements de la queue (M. W. Fox, 1975). Relâché dans la nature, un lapin de clapier, dont les ancêtres n'ont jamais creusé de terrier, se remet immédiatement à fouir comme un vrai garenne (F. Bourlière, 1974). Il n'existerait donc « aucune preuve que les types de comportement des ongulés, carnivores et gallinacés domestiques diffèrent de ceux de leurs progéniteurs sauvages » (E. B. Hale, 1969). Les seules différences notables « sont entièrement dues au fait que l'animal domestique apprend parfois à répondre à des stimuli qui ne sont normalement pas présents dans son habitat d'origine » (F. Bourlière, 1974). D'autres chercheurs, critiquant les conditions d'observation et d'expérimentation des précédents, soutiennent au contraire que les effets de la domestication « tendent à modifier, parfois radicalement, les types de comportements naturels par lesquels les animaux sauvages se sont adaptés à des modes de vie particuliers au cours de la sélection naturelle ou de l'apprentissage individuel » (D. R. Griffin, 1988). À l'inverse du cas du lapin cité plus haut, on connaît de nombreux exemples d'animaux domestiques qui, relâchés dans la nature, se sont révélés incapables d'y survivre (oiseaux de cage, etc.).
La question de l'apprentissage chez les animaux ne fait pas non plus l'unanimité chez les éthologues. Généralement, pour les « behavioristes », l'apprentissage se limite aux comportements acquis en réponse ou par conditionnement à des stimuli externes. Les « cognitivistes » ont une vision plus complexe des choses : pour eux, les facultés d'apprentissage sont à mettre en rapport avec l'existence d'une pensée animale. Le tableau se complique encore du fait de l'intervention de processus biologiques comme la néoténie, c'est-à-dire la survivance (particulièrement fréquente chez les mammifères domestiques) de caractères ontogénétiques ou juvéniles chez les animaux adultes : oreilles tombantes des chiens, formation tardive de la dentition et de l'encéphale, mais aussi comportements de curiosité ou de quémandage de nourriture. Les rôles respectifs de l'inné et de l'acquis dans la formation des comportements continue de faire débat. Aujourd'hui, peut-être en réaction contre les excès héréditaristes des derniers travaux de Konrad Lorenz (1970) – dont certains se sont emparés pour parler d'« auto-domestication » des animaux, sans intervention de l'homme, par ouverture des programmes génétiques, calquée sur le processus d'hominisation –, les éthologues se refusent de plus en plus à considérer les animaux comme programmés génétiquement une fois pour toutes.
Il n'en reste pas moins vrai que l'évolution des plantes et des animaux domestiques diffère principalement de celle des formes sauvages en ce que la sélection artificielle y remplace la sélection naturelle : alors que la seconde retient les traits qui favorisent la survie en milieu naturel, la première porte sur les caractères qui sont utiles à l'homme. La sélection artificielle comporte deux étapes : le choix des reproducteurs puis la fixation des caractères retenus chez les descendants en les croisant entre eux (technique de l'inbreeding, c'est-à-dire d'élevage en consanguinité).
Apprentissage, éducation ou dressage (selon les écoles) d'une part, sélection artificielle d'autre part, concourent donc conjointement à un but fondamental : la familiarisation avec l'homme – qui détourne à son profit les comportements naturels comme le grégarisme, l'empreinte, la sexualité – de l'animal pour que ce dernier puisse conserver sa fécondité dans un environnement nouveau (C. Darwin, 1875), se reproduire et se laisser manipuler au gré des besoins humains.
Avant de songer à modifier le patrimoine héréditaire (génotype) pour sélectionner, par exemple, des lignées de bovins à viande ou à lait, il a longtemps suffi d'agir sur la commande neuroendocrine des comportements. Au Proche-Orient, au ive millénaire av. J.-C., le réflexe d'éjection du lait chez les vaches était induit par stimulation mécanique des mamelles, première étape vers la traite quotidienne qui prolonge la durée et l'intensité de la lactation. Ailleurs, on savait aussi qu'enlever les œufs d'une poule au fur et à mesure de la ponte permet d'augmenter la quantité totale émise. Plus généralement, les conditions du confinement ont fait apparaître de nouveaux schémas de comportement (modalités nouvelles de localisation de la nourriture, des partenaires sexuels) et des réflexes conditionnés inédits (par exemple, dans les salles de traite, les vaches commencent à laisser couler leur lait avant le branchement des appareils).
L'impact sur les sociétés humaines
La domestication s'est montrée, sur le long terme, riche de conséquences pour l'homme. Déjà précédée par une nécessaire période de maturation technique et culturelle – pour domestiquer des plantes et des animaux, il a fallu en avoir les capacités et la volonté –, la domestication a marqué dans l'histoire de l'humanité un triple tournant :
– un tournant économique, sous la forme d'une transition historique, au Néolithique, d'un système d'exploitation des ressources naturelles sans contrepartie (ou prédation) à une économie de production ;
– un tournant social, en entraînant, avec le temps, tout un cortège de réactions en chaîne telles que l'accroissement des ressources, l'essor démographique, la division du travail toujours plus poussée au fur et à mesure qu'augmentait la productivité, l'apparition de nouvelles différenciations géographiques et sociales (villageois sédentaires-nomades, travailleurs sans terre-propriétaires, villes-campagnes) ;
– un tournant cognitif, enfin, puisque l'homme, en apprenant à cultiver des plantes et à élever des animaux, s'est découvert un nouveau pouvoir sur la nature et les êtres vivants. En utilisant des animaux de trait, il a prolongé ses bras et décuplé sa force ; en se déplaçant à dos de cheval, de chameau ou d'éléphant, il a modifié son point de vue, son évaluation des distances, et a appris à penser plus rapidement qu'à pied. Grâce aux plantes et surtout aux animaux, l'homme s'est civilisé, pour le meilleur et pour le pire.
À cet égard, certaines utilisations d'animaux domestiques sont particulièrement révélatrices. Ce sont celles dont la logique n'est pas d'abord économique : utilisations symboliques et religieuses (en vue de sacrifices), spectaculaires et sportives (cirque, courses, équitation), ornementales et ludiques (oiseaux de cage ou de volière, animaux de compagnie). En plus de la grande masse des animaux domestiques dont l'homme tire des services ou des produits, on trouve des animaux qu'il joue à domestiquer, les uns sur le mode tragique, en les réduisant par la violence, parfois jusqu'à la mort (corrida espagnole), les autres sur le mode sentimental, en les surdomestiquant (animaux de compagnie). Donc, plus encore que des animaux domestiques, l'homme s'approprie aussi et surtout de la domestication, c'est-à-dire du pouvoir sur l'animal. Ainsi s'explique, en définitive, le zèle domesticateur de l'homme : par la recherche de la domestication pour elle-même et pour l'illusion qu'elle donne d'un pouvoir sur la vie. L'homme sélectionne des animaux flatteurs pour lui, qui lui renvoient l'image d'un être supérieur et indispensable à la vie d'autrui. Corollairement, en construisant l'animal, l'homme se construit lui-même, élabore sa culture.
Mais ce zèle domesticateur n'a pas eu que des effets bénéfiques. La domestication des animaux a provoqué une expansion des maladies transmissibles à l'homme (zoonoses). Les transplantations inconsidérées d'animaux domestiques hors de leur foyer d'origine (grands herbivores introduits en Amérique par les Espagnols ou en Australie par les Anglais, chiens ou chats sur des îles) ont entraîné dans de nombreuses régions, comme l'Amérique du Sud au xvie siècle ou l'Australie au xixe, des catastrophes écologiques de grande ampleur (A. W. Crosby, 1986).
Incidences juridiques et économiques des difficultés de la définition de l’animal domestique
Loin d'être seulement une question théorique, la définition de la domestication et de l'animal domestique entraîne des conséquences pratiques :
– Les incertitudes du droit. Le taureau de combat ou l'abeille sont-ils des animaux domestiques, auxquels s'applique, par exemple, l'interdiction des mauvais traitements pour l'un ou de la divagation pour l'autre ? De tels débats reviennent périodiquement devant les juridictions, car ni les textes ni la jurisprudence ne sont encore parvenus à une définition indiscutable de l'animal domestique : celui « ayant subi des modifications par sélection de la part de l'homme » ? « né en captivité, qui dépend de son propriétaire, lequel assure sa protection, sa nourriture et sauvegarde sa reproduction » ? « apprivoisé et détenu » ? « qui a un maître, dont il est un bien meuble, attaché à un immeuble : exploitation agricole, étang, forêt, ruche, colombier » ? « qui peut être marqué, tatoué ou identifié par des moyens électroniques et faire l'objet de documents signalétiques (comme les chiens ou les chevaux) » ? Chacune de ces définitions inclut certains animaux domestiques, mais en exclut d'autres.
– Les hésitations sur la notion d'espèce et leurs conséquences pour la protection de la faune. Une autre approche juridique du problème consiste à contourner l'écueil de la définition. La Cites (Convention sur le commerce international des espèces de la faune et de la flore sauvages menacées d'extinction) énumère quelque 600 espèces réputées sauvages qui sont, en tant que telles, interdites de transport et de commerce. Or plusieurs de ces espèces comportent, dans la réalité, une majorité d'animaux domestiques (tel est le cas de l'autruche, qui doit même sa survie à sa domestication au xixe siècle).
– Les incohérences pour la diversification agricole. Parmi les filières de diversification animale encouragées en France par le ministère de l'Agriculture – ratites (autruche, émeu, nandou), escargots (héliciculture), cervidés (cerf, daim), sangliers, soie (sériciculture), grenouilles, bisons, camélidés (lama, alpaga), écrevisses (astaciculture), crocodiles, visons, vers de terreau (lombriciculture) –, deux familles au moins – ratites et cervidés – représentent des types d'élevage particulièrement surveillés. Ces élevages sont en effet régis par les dispositions relatives aux établissements détenant des « animaux d'espèces non domestiques » : les éleveurs concernés doivent obtenir un « certificat de capacité » puis une « autorisation d'ouverture ». Ces réglementations tatillonnes freinent l'essor d'activités qui pourraient contribuer à la diversification de l'économie agricole et à la résorption de la crise qui sévit aujourd'hui dans le monde rural.
L'avenir de la domestication
Les domestications ont contribué à une profonde modification de la composition de la faune et de la flore du globe au profit des espèces, variétés et races domestiques, dont le nombre n'a cessé de croître (à la différence des espèces sauvages). Certes, en s'étendant géographiquement, au rythme où augmentait la population mondiale, les cultures et l'élevage ont causé des dommages à l'environnement. Mais, en créant plusieurs milliers de nouvelles espèces, variétés ou races domestiques, l'homme a aussi été un producteur de biodiversité, ce qui vient atténuer l'image d'un homme exclusivement destructeur de la nature.
Cependant, d'autres dangers se profilent, avec des domestications trop poussées (O.G.M.), trop sélectives (races hyperspécialisées) et hégémoniques (brevetabilité du vivant permettant l'élimination des variétés ou races concurrentes). Sans garde-fous, les équilibres alimentaires et sanitaires mondiaux peuvent s'en trouver menacés.
Bibliographie
J. Barrau, « Domesticamento », in Enciclopedia Einaudi, Einaudi, Turin, vol. 5, 1978
L. Binford, In the pursuit of the past, Thames and Hudson, New York, 1983
F. Bourlière, Paysages et nature en Eurasie, Paris, 1965 ; « Les Mammifères domestiques », in A. Tétry dir. Zoologie IV, Encyclopédie de la Pléiade, Gallimard, Paris, 1974
M. J. Casimir, « The biological phenomenon of imprinting – its handling and manipulation by traditional pastoralists », in Production pastorale et Société, no 11, 1982
J. Cauvin, Naissance des divinités, naissance de l'agriculture. La révolution des symboles au Néolithique, Paris, éd. du C.N.R.S., 1994
G. Childe, What happened in history, Penguin Books, Londres, 1954
A. W. Crosby, Ecological Imperialism : The Biological Expansion of Europe, 900-1900, Cambridge University Press, Cambridge, 1986
F. Cuvier, De la sociabilité des animaux, Paris, Mémoires du Muséum d'histoire naturelle, 1825
C. D. Darlington, Chromosome Botany and the Origins of Cultivated Plants, Londres, 1963
C. Darwin, The Variation of Animals and Plants under Domestication, Londres, 1875
J. P. Digard, L'Homme et les animaux domestiques. Anthropologie d'une passion, Fayard, Paris, 1990
M. W. Fox, The Behaviour of Wolves, Dogs, and Related Canids, Jonathan Cape, Londres, 1975
F. Galton, « The first steps towards the domestication of animals », in Transactions of the Ethnological Society of London, vol. III, 1865
I. Geoffroy Saint-Hilaire, Acclimatation et domestication des animaux utiles, Paris, La Maison Rustique, 1861 (rééd. en fac-similé, Flammarion, Paris, 1986)
D. R. Griffin, La Pensée animale, Denoël, Paris, 1988
E. S. E. Hafez dir., The Behaviour of Domestic Animals, Tindall, Londres, 1969
E. Hahn, Die Haustiere und ihre Beziehungen zur Wirtschaft des Menschen, Leipzig, 1896.
E. B. Hale, « Domestication and evolution of behaviour », in E. S. E. Hafez dir. The Behaviour of Domestic Animals, Tindall, Londres, 1969
J. R. Harlan, Crops and Man, Madison, 1975
H. Hediger, « Zur Biologie und Psychologie der Flucht bei Tieren », in Biologische Zentralblatt, no 54, 1934 ; Les Animaux sauvages en captivité, Payot, Paris, 1953
D. Helmer, La Domestication des animaux par les hommes préhistoriques, Masson, Paris, 1992
R. Lee & I. De Vore, Man the Hunter, Aldine, Chicago, 1968
K. Lorenz, Essais sur le comportement animal et humain, Seuil, Paris, 1970
J. Milliet, « Un allaitement insolite », in J. Hainard et R. Kaehr, dir. Des animaux et des hommes, Neuchâtel, Musée d'ethnographie, 1987
J. Pelosse, État sauvage, état domestique. Signification des relations comportementales réciproques entre l'homme et l'animal d'après l'observation du renne et de l'élan, Institut international d'ethnosciences, Paris, 1982
D. Poulain, « La domestication dans le règne végétal : regards d'un phytotechnicien sur le cas du blé », in Bulletin de la Société zoologique de France, vol. 128, no 4, 2003
M. Sahlins, Stone Age Economics, Tavistock, Londres, 1972
C. O. Sauer, Seeds, Spades, Hearths, and Herds : The domestication of animal and foodstuffs, The M.I.T. Press, Cambridge (Mass.), 1969
R. Thévenin, L'origine des animaux domestiques, coll. Que sais-je ?, P.U.F., Paris, 1960
N. Vavilov, The Origin, Variation, Immunity and Breeding of Cultivated Plants, Waltham, 1950 (éd. orig. en russe : 1926)
J. D. Vigne, Les Origines de la culture. Les débuts de l'élevage, Le Pommier, Paris, 2004.